RETOUR SUR LA SUPPRESSION DU DÉBAT
SUR LA CHAÎNE « AL OULA », AUTOUR DU DOSSIER MRE

Notre dernier article concernait la décision arbitraire de la chaîne « Al Oula », de supprimer de manière autoritaire et antidémocratique un débat autour des préoccupations et attentes de la communauté marocaine à l’étranger, dans le cadre de l’émission « Daif Al Oula », relevant de la première chaîne publique de télévision marocaine. Cette mesure a suscité une large désapprobation au sein d’Aljaliya, et un mouvement de protestation à l’intérieur du Maroc, à travers la presse écrite et électronique et des acteurs associatifs. Où en est la situation maintenant ?
Avec la réaction de responsables contactés que nous ne nommerons pas évidemment, et qui ont été à l’écoute de notre vive protestation citoyenne, concentrons nous sur l’avenir. Prenons au mot ceux qui disent maintenant, qu’il ne s’agissait pas d’une annulation ou d’une interdiction de l’émission, mais d’un simple report. Chiche !
Pour quelle date précise s’engagent-ils publiquement et pour quel contenu, sans sujets tabous qui déplairaient à certains dirigeants institutionnels !? Les invités institutionnels sont-ils prêts maintenant à assumer leurs responsabilités, à accepter le débat démocratique contradictoire et à rendre des comptes à l’opinion publique ? Certains d’entre eux, savent maintenant qu’il leur sera plus difficile dorénavant, de parvenir à étouffer le débat public, par de pareilles interventions qu’ils viennent d’effectuer, en avançant des arguments inconsistants.
Ceux qui leur ont fait confiance, ont fait comprendre, sans le dire ouvertement, qu’ils ont été en quelque sorte manipulés. Ils sont parvenus à la conviction, après ce mouvement de protestation et les éclaircissements fournis par ses acteurs, qui ne se sont pas laissés faire, que personne parmi les invités non institutionnels à l’émission initiale de ce soir 18 août 2015, ne cherchait à « taper sur les institutions et à les dénigrer », » à « diviser et semer la zizanie au sein d’Aljaliya ». .
Critiquer la politique d’une institution et / ou la gestion pratiquée par ses dirigeants, en avançant des alternatives, n’est pas « un travail de sape des institutions », mais une action citoyenne responsable et à respecter.
Nous prenons donc acte de cette disposition d’esprit exprimée par d’aucuns, celle de privilégier à la chaîne « Al Oula » le débat responsable à toute forme de censure. Mais attendons de voir la programmation de ce débat. Dans ce sens, la vigilance intellectuelle, politique et citoyenne s’impose.
Rabat, le 18 août 2015
Abdelkrim Belguendouz
Universitaire à Rabat, chercheur
spécialisé en migration